Thierry Bornarel et Lynda Petitjean dirigent le Domaine des Herbiers, spécialisé dans les plantes aromatiques fraîches… 30 hectares de plein champ et sept hectares de cultures sous-abri, à Latour-Bas-Elne, Palau et Elne. Face à un essor de la concurrence, ils misent sur la fraicheur de leur production et sur le développement de nouvelles gammes.
Lynda Petitjean nous fait entrer dans un tunnel. A l’intérieur, pousse une menthe foisonnante dont se dégage une odeur entêtante .
Nous sommes à Latour-Bas-Elne, sur le Domaine des Herbiers, que Lynda dirige avec Thierry Bornarel. Une entreprise agricole spécialisée dans les plantes aromatiques fraîches, qui, avec ses 30 hectares de plein champ et sept hectares de tunnels et multichapelles, répartis sur trois sites (ici, à Latour-Bas-Elne, à Palau del Vidre et Elne), est un acteur non négligeable de cette production. Pourtant, Thierry Bornarel est parti de rien, ou de pas grand-chose. « Il a commencé en nom propre ici, sur une petite parcelle d’un hectare, sans matériel ni infrastrucÂture », explique Lynda. C’était en 2001. En 2003, il embauchait une personne à plein temps. En 2005, il était rendu à 15 ha de plein champ. Lynda, qui l’épaulait, est devenue son associée en 2006. Cette année-là , ils se sont lancés dans la culture sous abri. L’enÂtreprise produit 25 herbes aromatiques fraîches, du basilic à la mélisse, du cerfeuil à l’absinthe, qui transitent par Saint-Charles pour être vendues en gros à Paris, Lyon, Bordeaux, en Allemagne ou encore en Suisse. Le domaine met aussi en vente la production d’une quinzaine de voisins.
Jusqu’à 40 salariés en été
L’entreprise emploie une trentaine de salariés. « On va monter à 40 perÂsonnes cet été » estime Lynda, qui nous emmène faire un tour de l’exploitaÂtion. Au loin, derrière les rangs de verveine, on aperçoit des ouvriers agricoles penchés, en pleine récolte. Face à nous, s’étale un hectare et demi de thym fraîchement planté … La rotaÂtion des cultures, au vu de la spécifiÂcité des plantes aromatiques et de la diversité des productions, relève d’un véritable casse-tête.
Un marché de plus en plus concurrentiel
Nous quittons l’exploitation de Latour Bas Elne pour celle de Palau. C’est là que se trouve le site de condiÂtionnement. Dans l’atelier, deux perÂsonnes confectionnent des bouquets de basilic. Ils iront ensuite au frigo, dont Chloé Galaup, responsable marÂketing, pousse la porte. D’autres bouÂquets y sont déjà stockés. « Ils sont mis au frais une heure maximum après la coupe. La fraîcheur, c’est notre atout » explique-t-elle. Car sur ce marÂché devenu ultra concurrentiel, il faut pouvoir se démarquer. « Jusqu’ici, nous n’étions pas très nombreux en France », raconte Lynda. « Les producteurs étaient surtout situés sur les ceintures vertes des grandes villes. On arrivait à fournir en hiver ce qu’ils ne pouvaient pas produire. Mais la concurrence s’est développée. Certains petits producteurs et metteurs en marché cassent les prix, et on fait face à une production maroÂcaine et espagnole qui est ensuite conditionnée en France. » Une probléÂmatique qui va de pair avec celle du coût de la main d’Å“uvre, « qui a augÂmenté de près de 50 % en vingt ans. On est passé de 33 % à 60 % de masse salariale. On essaie de se battre avec nos atouts : le respect du cahier des charges français et la fraîcheur. Nos commandes sont expédiées le soirÂ-même, alors que pour le Maroc, les clients la reçoivent minimum quatre à cinq jours plus tard, et pour Israël c’est une semaine. »
Fleurs comestibles
Thierry Bornarel et Lynda Petitjean veulent aussi jouer la carte du déveÂloppement d’une gamme « qui permetÂtra de valoriser davantage la producÂtion », avec une identité visuelle, un packaging plus adapté … « On travaille de plus en plus avec la petite clientèle. L’idée est de développer de petits condiÂtionnements, par exemple pour les resÂtaurateurs. » Pour mieux valoriser son activité, l’entreprise mise notamment sur un personnel spécialisé, avec l’arÂrivée de Chloé au marketing, d’une élève ingénieur pour travailler sur l’opÂtimisation de la logistique et d’un nouveau chef de culture multi-site qui vient du bio. « Nous avons la certificaÂtion ISO 14 001. Nous travaillons avec des plantes qui hébergent les prédaÂteurs, des plaques engluées de phéroÂmones … L’objectif est de limiter au maximum les intrants » précise Lynda. Chloé ouvre des barquettes. À l’intéÂrieur, pas de persil, ni de coriandre … Mais des fleurs comestibles : capucines, pensées, soucis. Le tout en prestation de services pour un client. Herbes aroÂmatiques traditionnelles ou nouveaux marchés tendances, Thierry et Lynda savent que pour poursuivre son déveÂloppement, leur entreprise n’a d’autre choix que de « développer de nouveaux produits afin de gagner un peu de marge » résume la dirigeante.